Beijing, alors ?!
En 1995, Yiping Cai participait au forum des ONG de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes à Beijing, en tant que jeune journaliste et déléguée officielle des jeunes. Aujourd’hui, à 43 ans, elle vit à Beijing, en Chine, et elle fait partie du Comité exécutif du réseau féministe international Development Alternatives with Women for a New Era (DAWN), ainsi que membre du Groupe consultatif régional de la société civile pour l'Asie-Pacifique d'ONU Femmes.Date:
Vous vous rendez compte ? Que pouvait bien aller faire à la Conférence de Beijing une jeune étudiante chinoise, qui comprenait à peine ce dont on allait discuter ? Mais cela a été une révélation pour moi ! Ma participation a ouvert beaucoup de perspectives, et elle a catalysé le mouvement des femmes chinoises.

À l’époque, j’étais journaliste dans un quotidien, le China Women’s News. Six mois plus tard, nous avons créé notre propre ONG sous l’inspiration des femmes rencontrées au forum des ONG, pour examiner les stéréotypes de genre sur les femmes dans les médias et pour améliorer la participation des femmes dans ce milieu professionnel.
Qu’avons-nous accompli ?
Je dirais que nous avons provoqué une prise de conscience. Nous ne pouvons rien faire bouger sans changer notre propre conception de ce que signifie être une femme. Les responsables politiques doivent aussi reconnaître l’importance de l’égalité des sexes pour le développement. Les droits des femmes, l’intégration des politiques d’égalité entre hommes et femmes... tous ces concepts ont été introduits lors de la Conférence de Beijing et du forum des ONG. Grâce à cette meilleure prise de conscience, nous pouvons repérer d’autres lacunes et les domaines où nous n’avons pas obtenu l’égalité. Nous pouvons mieux nous mobiliser et travailler ensemble sur une compréhension commune des droits des femmes.
Nous avons accompli beaucoup, ce qui me rend optimiste. Dans certains domaines, comme pour l’éducation et la mortalité maternelle, nous sommes dans une bien meilleure situation ; mais dans d’autres, comme en matière de participation politique et de reconnaissance des droits des femmes comme droits humains, il y a moins de progrès et une réussite inégale – nous n’y sommes pas encore. C’est pourtant simple !
Même lors de la récente session de la Commission de la condition de la femme, à laquelle j’ai assisté en mars 2014 à New York, certains États membres ne voulaient pas inclure les droits humains ni les droits à la santé sexuelle et reproductrice dans le document final. On ne peut pas séparer ces droits.
Les jeunes et l’avenir
Sincèrement, quand j’étais une jeune déléguée il y a 19 ans, je ne pensais pas au rôle que les jeunes peuvent jouer. Maintenant je m’aperçois que les jeunes femmes peuvent véritablement changer les choses. J’ai beaucoup d’espoir. Aujourd’hui, la jeunesse est confrontée à beaucoup de défis, anciens et nouveaux, dont certains se sont aggravés. Nous n’avons pas vraiment répondu jusqu’à maintenant au problème des inégalités ni à celui des changements structurels en profondeur. C’est ce qui nous manque encore. Le programme de Beijing reste tout à fait à l’ordre du jour.