Elle entre dans l'histoire : une fille de la région est nommée personnalité politique

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Namgay Peldon
Photo utilisée avec l’aimable permission de Namgay Peldon.

Au Bhoutan, pays enclavé dans la chaîne de l'Himalaya, Namgay Peldon n'imaginait pas qu'elle deviendrait un jour une personnalité historique. Et pourtant, elle est entrée dans l'histoire. Elle a été la première femme élue Gup, chef d'un groupe de villages, lorsque ses compatriotes ont voté pour la première fois lors de la transition de la monarchie vers la démocratie en 2008. Les Gewogs sont les unités administratives du Bhoutan, dirigées chacune par un Gup. L'histoire de Namgay Peldon, originaire du sous-district de Tashiding, dans le centre du Bhoutan, est assez exceptionnelle dans ce pays où nombre de tabous sont ancrés dans la société et où le taux de représentation des femmes dans le monde politique est extrêmement faible, puisque l'Assemblée nationale ne compte que 8,5 pour cent de femmes.

Au cours de son mandat, la Gup Namgay Peldon avait pour ambition de faire construire un hôpital dans son Gewog, d'améliorer l'accès des villageois au Centre du Gewog, et de renforcer l'approvisionnement aussi bien en eau de boisson qu'en eau destinée à l'irrigation. Cette ancienne enseignante de 30 ans qui a tissé des liens privilégiés avec sa communauté, mère de deux jeunes enfants, explique qu'elle doit sa réussite à ses études et à sa conviction inébranlable que tous les individus sont égaux.

À votre avis, quels sont les facteurs les plus importants qui vous ont aidée à arriver où vous êtes aujourd'hui?

Mon éducation est un facteur essentiel de ma réussite, elle a vraiment joué un rôle déterminant dans ma carrière. Ma famille m'a également influencée et beaucoup aidée, et puis mon travail d'éducatrice hors du secteur officiel de l'enseignement m'a donné la possibilité de collaborer étroitement avec les communautés. Voilà ce qui m'a donné envie de me porter candidate au poste de Gup.

Pourriez-vous citer quelques-uns des plus grands obstacles que vous avez dû surmonter?

Le plus grand défi que j'ai dû relever a été d'écourter mon congé de maternité en raison des exigences de mon travail. J'avais un petit bébé à ce moment, et engager une baby-sitter pendant la campagne m'a coûté beaucoup d'argent. J'ai dû encore en dépenser plus pour faire garder mon bébé, de sorte que je puisse participer à des réunions importantes. Ce n'est donc pas facile d'être une femme, lorsque notre milieu ne nous est pas favorable.

Comment arrivez-vous à supporter d'être l'une des seules femmes à travailler dans votre domaine, qui est dominé par les hommes?

Comme la société est dominée par les hommes, et puisque j’étais la seule femme Gup du pays, au début, il m’a été difficile d’obtenir la coopération des autres Gups, des hommes. Mais au fil des ans, j’y suis arrivée. Actuellement, ils me considèrent comme leur égal, un partenaire participant à la prise de décisions, et ils respectent mes opinions.  Depuis que j’ai pris mes fonctions, j’ai réussi à mener à bien divers projets dans le domaine du développement, à savoir la construction du bureau du Gewog, la rénovation du temple ancien, ainsi que la construction de nouvelles routes agricoles et de canaux d’irrigation pour la communauté. En outre, j’ai permis à la communauté de se lancer dans l’agriculture, notamment dans diverses cultures.

Quel est le principal message que vous souhaitez transmettre aux jeunes ? Que devraient-ils retenir de votre expérience?

Le principal message que j’aimerais leur transmettre est que nous sommes tous égaux, que le fait d’être une femme ne devrait pas constituer un obstacle à la participation active à la vie de la société. Il est possible de participer aux élections, et je peux vous assurer que si l’on en est capable, que l’on soit un garçon ou une fille, on devrait y prendre part.

Quel est le message que vous aimeriez transmettre aux autres femmes ou filles qui pourraient s’inspirer de votre parcours et de ce que vous avez accompli?

Être la première femme Gup du Bhoutan, c’est une expérience formidable. J’aimerais encourager toutes les jeunes filles qui y aspirent à franchir le pas et à se présenter aux prochaines élections de leur administration locale.

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