Une expédition à travers le monde contre les changements environnementaux
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Elle a débuté sa première excursion au pôle Sud à Hercules Inlet à l’extrémité sud de la mer de Weddell et a rejoint le pôle Sud en seulement 50 jours, après avoir parcouru 1200 km. Elle affirme que c’est grâce à la persévérance, à la patience et à l’obstination que son expédition à la fois dangereuse et magnifique est devenue une réalité.
Mère de trois enfants, Liv Arnesen, qui se décrit comme une enseignante norvégienne classique, vit dans un pays qui est bien connu pour ses systèmes progressistes. La Norvège se classe numéro un à l’indice de développement humain du PNUD qui mesure la santé, l’éducation et le revenu et arrive aussi en tête pour ses progrès en matière d’égalité des sexes. Toutefois, les femmes se heurtent toujours à des barrières invisibles que Liv ne cesse de renverser depuis plus de 20 ans.
Elle a intégré l’écologie et l’éducation dans ses dernières aventures et a réuni une équipe de six femmes issues de six continents différents pour entamer une expédition le long du Gange en Inde. Porteuse d’une mission, elle se sert de cette expérience pour sensibiliser l’opinion à la diminution des réserves d’eau douce de la Terre. Le groupe de l’expédition a pour objectif de sensibiliser 50 millions de jeunes à l’importance de la conservation de l’eau, à travers leur programme d’études.
Mentionnées dans plus d’une cinquantaine de médias internationaux, Liv et sa partenaire de l’expédition, Ann Bancroft, ont lancé Bancroft Arnesen Explore, un organisme qui a pour vocation de motiver les citoyens, notamment les femmes et les filles, à réaliser leurs rêves. Elle en partage certains avec nous.Quels ont été les plus grands défis auxquels vous avez fait face au cours des premières années de vos expéditions?
Lors de ma première expédition à ski vers le pôle Sud, j’avais l’impression d’évoluer dans un univers masculin. Il y avait eu en Norvège deux femmes premiers ministres et de nombreuses femmes politiques. Mais même dans ce contexte, j’avais l’impression que je devais laisser les bâtons de ski aux hommes. Je n’ai pas eu un seul sponsor norvégien. Bien sûr, les choses évoluent aujourd’hui. Mais on [des hommes] m’a encore posé toutes sortes de questions. « Avez-vous servi dans l’armée ? » « Savez-vous tirer un traîneau ? » Et c’était il y a seulement 21 ans ! J’ai simplement expliqué que j’avais effectué de longues expéditions en Norvège, que j’avais traversé la calotte glaciaire et que j’avais de l’expérience. Je pense qu’ils voulaient me faire... perdre mon assurance. Je suis têtue et cela n’a pas fonctionné. Je rêvais du pôle Sud depuis l’âge de 8 ans. C’était mon rêve d’enfance et je me suis rendu compte que c’était l’occasion de le réaliser. J’ai donc saisi ma chance.
Comment réagissez-vous au fait d’être l’une des rares femmes à partir en expédition?
En Norvège et dans d’autres pays, il est encore difficile pour les femmes d’obtenir des financements pour certains projets. Nous poursuivons nos activités et nous éprouvons toujours des difficultés concernant les financements. Je crois que les hommes bénéficient probablement d’un autre réseau de collecte de fonds. Je pense que les femmes, du moins celles que je connais, travaillent pour des entreprises qui sont plus orientées vers l’humain, des entreprises qui n’ont peut-être pas autant d’argent que d’autres. Il existe encore beaucoup de machos qui n’aiment pas que les femmes se livrent à ce genre d’activités. Mais je persévère.
Comment avez-vous commencé à combiner les expéditions avec les programmes d’enseignement?
Au cours de la première expédition, je tenais juste à réaliser mon rêve d’enfance. À mi-parcours, je pensais au fait que cette expédition me donnait de plus en plus d’énergie. Je pensais à mes élèves, à leur avenir et à la façon de les inspirer. J’ai commencé à écrire un livre qui leur était destiné, puis j’ai réalisé que certains des enfants qui auraient besoin de ce livre ne le liraient peut-être pas. Plus tard, lorsque ma partenaire d’expédition s’est jointe à moi, nous avons décidé de créer un programme et de le mettre en ligne. Depuis lors, l’aspect éducatif fait partie intégrante de nos expéditions.
Quelle est à votre sens votre plus grande contribution à la société?
Je pense que l’enseignement demeure ma plus grande contribution. Je prends très au sérieux le fait d’être un exemple. Je pense à tous les messages que je reçois des enfants qui me remercient de leur montrer qu’il est possible de faire ce genre de choses. Lorsque vous poursuivez vos objectifs, vous pouvez vous heurter à un mur ou rencontrer des personnes qui ne vous soutiennent pas. Il est important d’être patient. J’étais enseignante au lycée et je me sens vraiment chanceuse de toucher encore plus de jeunes maintenant [avec nos programmes]. J’ai aussi adopté trois filles. Elles sont adultes et nous nous entendons bien. Et j’ai cinq petits-enfants. Je dois aussi beaucoup à mes parents. Ils m’ont appris à être indépendante, à me former et à gagner de l’argent par moi-même. J’ai eu des parents qui soutenaient cette façon de penser.
Quel message souhaitez-vous adresser aux jeunes filles d’aujourd’hui?
Réalisez vos rêves. Fiez-vous à votre cœur et à votre intuition. Si quelque chose vous fait palpiter et vous tient à cœur, c’est que c’est important pour vous, même si cela déplaît à vos parents et à vos amis. Soyez patientes. Élaborez un plan. Il se peut qu’il ne se matérialise pas dans l’année qui suit, cela peut même prendre trois ou cinq ans. J’ai attendu depuis l’âge de 8 ans jusqu’à ce que j’atteigne 41 ans pour réaliser mon rêve. Cela en valait la peine.