Maha Almuneef - Briser les stéréotypes pour réaliser des objectifs

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Maha Almuneef

Maha Al-Muneef, 53 ans, mère de trois enfants, vit à Riyad en Arabie saoudite. Médecin spécialiste, elle a pour idéal de mettre fin à la violence faite aux femmes. Sans se laisser décourager par l’image traditionnelle de la place de la femme dans la société, Maha Al-Muneef a obtenu son diplôme de docteur en médecine et fondé le Programme national pour la sécurité de la famille (PNGA), la première institution spécifiquement destinée à s’attaquer à la question de la violence conjugale dans le pays. En tant que directrice générale du PNGA, Maha Al-Muneef concentre son attention sur les programmes de prévention ainsi que sur la formation donnée aux professionnelles/s, tels que les services de police et les avocats, pour l’amélioration du soutien apporté aux survivantes de la violence. Le PNGA offre également des services de conseil et d’orientation, et gère le service national d’assistance téléphonique à l’enfance dédié à la fourniture de services de conseil aux enfants victimes de maltraitance ainsi qu’aux personnes qui s’en occupent. Le plaidoyer en faveur de la loi récemment adoptée sur la protection contre la maltraitance, loi qui érige la violence conjugale en infraction pénale, a constitué un projet passionnant pour Maha Al-Muneef. Elle a reçu cette année un prix prestigieux des mains du président Barack Obama, faisant d’elle un exemple à suivre pour les femmes de son pays.

Maha Al-Muneef a lutté contre les tabous culturels en créant sa propre organisation et, en la dirigeant, elle a dû surmonter les critiques, le harcèlement et d’autres difficultés encore pour pouvoir poursuivre son objectif, qui est d’obtenir l’égalité pour les femmes comme pour les hommes en Arabie saoudite. Elle a brisé les stéréotypes et ébranlé les murs, entraînant ainsi un changement tangible dans la façon dont la violence conjugale est perçue. C’est une femme qui prouve, par son exemple, que les femmes peuvent tout aussi bien être des dirigeantes qui réussissent et travaillent beaucoup, que des épouses et des mères.

Quels sont les facteurs qui vous ont particulièrement aidée pour parvenir au point où vous en êtes aujourd’hui ?

Le courage et le travail ! Le fait d’être née et d’avoir été élevée en Arabie saoudite me rend proche de ma communauté ; et le fait d’être une femme avec un bagage scientifique, et l’intégrité que cela implique, inspire confiance aux gens et à la société dans laquelle je vis.

Quels sont certains des plus gros obstacles que vous avez dû affronter pour arriver au point où vous êtes aujourd’hui ?

Pour quiconque travaille dans le domaine de la violence conjugale, l’un des principaux défis à affronter est la culture. La violence conjugale est un sujet délicat, et à plus forte raison dans une société conservatrice qui n’a pas l’habitude de voir des femmes exprimer leurs opinions haut et fort ; j’ai donc rencontré une certaine opposition. D’autre part, l’absence de lois contre la violence conjugale et la maltraitance des enfants rend encore plus difficiles tant le plaidoyer que la fourniture de services aux victimes.

Vous êtes l’une des rares femmes à travailler dans ce domaine. Comment arrivez-vous à faire face à la situation ?

Ce qui m’a beaucoup aidée, c’est d’être diplômée d’une grande université de l’Ivy League et de me voir en tant que spécialiste, sans question de genre.

Quelle est à votre sens la contribution majeure que vous avez apportée à la société ?

J’ai fondé un programme national qui s’attaque au problème de la violence conjugale à tous les niveaux. Mon rôle, dans l’adoption de la loi pour « la protection contre la maltraitance » par le cabinet ministériel, a fait de l’Arabie saoudite l’un des rares pays arabes à s’être doté d’une loi érigeant la violence conjugale en infraction pénale.

Quel message souhaitez-vous adresser aux femmes et aux filles qui pourraient être inspirées par votre parcours et vos accomplissements ? 

C’est de croire en elles-mêmes. Elles peuvent faire changer les choses en élevant la voix pour défendre leurs droits. Elles doivent comprendre que le changement peut prendre un certain temps, mais que tout est possible avec de la persévérance et du travail. Aimez ce que vous faites, faites-le avec passion, placez la barre très haut, et ne sous-estimez pas votre potentiel.

 

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