Jeune, infatigable et déterminée à apporter un changement durable

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Sanchaita Raju

Sanchaita Gajapati Raju tire son inspiration de sa mère qui, dès son plus jeune âge, lui a inculqué un profond sens civique et l’a encouragée à tendre la main aux moins chanceux. Tout a commencé lors d’une visite dans un village pauvre d’une région rurale de l’Inde, où Sanchaita a constaté le manque d’installations et d’eau potable. Ses échanges avec les communautés sur place lui ont permis de mieux comprendre la difficulté de leur situation. Sanchaita a également observé comment la technologie pouvait être mise au service de l’amélioration des conditions de vie, non seulement en améliorant les prestations de santé publique, mais également en créant des services qui permettraient aux populations, et principalement aux femmes, de passer moins de temps à aller chercher de l’eau douce. C’est ainsi que son organisation SANA est née.

À seulement 30 ans, Sanchaita compte déjà de nombreuses réussites à son actif : avocate qualifiée et politicologue, elle est également réalisatrice et professionnelle des médias. Malgré les nombreuses distinctions reçues dans ces domaines concurrentiels, elle a choisi de tout quitter et de fonder une ONG dédiée à l’amélioration de l’accès à l’eau et à l’assainissement dans un pays où près de 60 pour cent de la population (presque un milliard d’habitants) sont contraints de déféquer en public, en raison du manque d’installations sanitaires de base.[1]

À l’issue d’un travail sans relâche, Sanchaita a fondé une ONG du nom de SANA (Social Awareness Newer Alternatives) qui a remporté le Google Global Impact Challenge en 2013, un prix prestigieux qui a la particularité d’être basé sur les votes du grand public.

Le premier projet de SANA est une station d’épuration par voie solaire qui a produit à ce jour plus de deux millions de litres d’eau potable. Cette station de traitement de l’eau par voie solaire inclut également des toilettes basées sur un système de biodigesteur, afin de répondre au manque d’installations sanitaires, un problème endémique de ce pays qui fait partie des plus peuplés au monde. SANA accroît progressivement et sans relâche les efforts déployés pour atteindre l’objectif ambitieux qu’elle s’est fixé : fournir à l’ensemble de la population un accès à l’eau potable et à l’assainissement. Dix villages de l’État côtier d’Andhra Pradesh profitent aujourd’hui de cette innovation.

Quels sont les principaux facteurs qui vous ont permis d’arriver là où vous êtes aujourd’hui ?

Il s’agit sans conteste de l’éducation familiale et scolaire que j’ai reçue. J’ai eu le bonheur d’avoir des parents qui m’ont toujours soutenue et qui m’ont enseigné combien il est important d’agir avec compassion envers les autres. Ils m’ont fait comprendre qu’il était nécessaire que ceux qui, comme nous, viennent d’un milieu privilégié, offrent une contrepartie à la société et créent un monde inclusif et équitable.

Pouvez-vous nous en dire plus sur votre enfance, vos ambitions et les personnes qui vous ont inspirée ou poussée à être celle que vous êtes aujourd’hui ?

Bien que je sois née à Hyderabad, dans l’État de l’Andhra Pradesh, j’ai passé presque toute mon enfance à Delhi. J’ai été fortement influencée par ma mère, Uma Gajapati Raju, qui était députée à l’époque. Dès mon plus jeune âge, je l’accompagnais au cours des nombreuses actions sociales qu’elle menait dans les zones rurales à destination des populations défavorisées et marginalisées. J’ai été particulièrement impressionnée lorsqu’elle a emprunté le [train] Life Line Express, un hôpital roulant doté d’un équipement médical de pointe et d’excellents médecins, qui se rendait dans les zones éloignées de sa circonscription. Le Life Line Express a permis d’apporter une aide médicale à des milliers de personnes qui n’auraient autrement jamais pu recevoir de traitement médical moderne.

Une fois mon diplôme en poche, j’ai intégré la société de production audiovisuelle de mes parents et nous avons réalisé des films passionnants. L’un d’eux a changé ma vie. C’était un documentaire qui portait sur la transmission des bonnes pratiques agricoles à de petits producteurs encore étrangers aux techniques agricoles modernes… Le changement positif que cette action sociale a engendré sur les conditions de vie de ces producteurs démunis m’a inspirée dans la création de mon ONG SANA, Social Awareness Newer Alternatives.

Le fait d’être une femme as-t’ il constitué un obstacle sur le chemin qui vous a menée là où vous êtes aujourd’hui ? Si oui, pourquoi ?

J’ai grandi avec l’idée que je suis avant tout un être humain et que, à ce titre, j’ai le droit de suivre le chemin que j’ai choisi, quel que soit mon sexe. Toutefois, je suis consciente que ce n’est pas le cas pour la majorité des femmes de mon pays. Par conséquent, je me suis attelée à répondre à la question du genre en concentrant mes actions sociales sur la question de l’accès à l’assainissement et à l’eau potable, qui sont deux problèmes urgents auxquels sont confrontés les femmes et les enfants.

Quelle a été votre plus grande contribution à la société et à la communauté ?

Depuis que je travaille à améliorer l’accès à l’eau potable et à l’assainissement pour tous ceux et celles qui sont privés de ce droit humain élémentaire depuis des décennies, je pense que ma plus grande contribution a été d’apporter un sentiment de dignité à ces citoyens de l’Inde. Grâce à cela, ils ont aussi pu reprendre leur destin en main. Devoir déféquer à l’air libre et boire de l’eau contaminée porte un coup terrible à la dignité humaine. Cela entraîne inévitablement des maladies, un retard de croissance chez les enfants et des dépenses médicales que les familles ne peuvent pas se permettre. De plus, cela affecte la productivité de ces villageois marginalisés, qui doivent faire une croix sur leurs revenus le temps de leur maladie.

Nous travaillons principalement avec les femmes et les enfants issus de castes inférieures [des groupes marginalisés qui se trouvent tout au bas de l’échelle sociale en Inde]. Nous sommes parvenus à apporter un sentiment d’inclusivité dans ces villages. Nous organisons également des formations pour les villageois afin de développer leurs compétences de base et de leur apporter de nouvelles perspectives professionnelles.

Quel message souhaitez-vous faire passer aux femmes et aux filles qui se sentent inspirées par votre parcours et vos réalisations ?

Le message que je souhaiterais faire passer aux femmes et aux jeunes filles, c’est de s’instruire et de suivre leurs rêves. Lorsque des femmes occupent des postes de pouvoir et d’influence, elles doivent en tirer profit pour produire un effet multiplicateur pour les autres.

Notes

[1] Rapport de situation sur les Objectifs du Millénaire pour le Développement en Asie, 2014.

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